¤ LOiN ¤
J'ai, dans ma jeunesse, dormis sous d'immenses portiques
Que les soleils marins auraient pus peindre de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, jours et nuits, aux grottes gothiques.
Je rampais sur des crânes et des tibias, sous Paris
Je festoyais sur de fines plages, longues et désertes, sans océans !
Au rythme des tambours, des rencontres et des paradis
Le ciel était couvert de gypse et entouré de sombres néants !
Te souviens-tu, Sylphidre, sous Montparnasse, un soir d'hiver
Nos lampes d'acétylène éteintes, nos croyances disséminées
J'attrapais un crâne [merci à toi, défunt(e) maladroit(e), mon (ma) bien aimé(e)]
Pour le lancer droit devant et entendre la continuité du boyau OµVeRt !
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le perdu avançait d'un mouvement rythmique
Agitant ses peurs et tournant dans son paravent !
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Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Comme une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement, uniquement, fatalement, par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne abandonnée et inquiète
Trente mètre sous terre, nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché !
Tu me manques, amie de ma jeunesse perdue !
Tu me manques ma ténébreuse capitale enfouie
Aucun fantôme ne rattrapera mes désirs accrus
Je resterais l'ombre de ta cathédrale infinie !
^^ | EtHoS | ^^